Lurel en matador, ou le dictateur frivole
Monsieur Je sais tout, tous les autres sont des cons, voilà l’image que Lurel cherche à donner de lui–même. Du coup, c’est Monsieur Je décide de tout. A l’approche des élections, il est organisateur de concert. En revanche pour le travail sérieux on repassera.
Deux caractéristiques trahissent l’homme Lurel à travers son exercice de la fonction de président. De l’avis de ceux qui ont géré la Région avec lui pendant six ans, tout doit passer par Lurel. C’est lui qui doit décider de tout. Cela correspond à l’image que l’intéressé cherche lui-même à donner de lui. Selon lui, il serait non seulement compétent, mais le seul à être compétent en Guadeloupe… et dans les environs. Alors qu’il fustigeait Lucette Michaux Chvry pour sa gestion personnelle, l’élève Lurel s’est attaché à dépasser la maîtresse Lucette.
Le problème, c’est que Lurel est arrivé à la Région sans expérience, avec un petit bagage de maire débutant, dans la minuscule commune de Vieux Habitants, contrairement à Lucette qui avait déjà occupé tous les mandats locaux, y compris la présidence du conseil général.
Inexpérimenté à l’arrivée, le caractère de surfeur de Lurel ne l’a pas aidé à s’investir dans les dossiers autant qu’il l’aurait fallu. D’autant qu’assoiffé de postes et d’honneurs, il est resté député, s’est fait désigner responsable de l’outre mer au Parti socialiste, et ne s’est occupé de la Région qu’à temps très partiel. Sans compter qu’à la moindre occasion de voyage, il n’était pas le dernier à monter dans l’avion gratuit. Quitte à l’affréter aux frais de la Région, nous.
Aucune personne sérieuse ne peut occuper deux ou trois postes qui exigent qu’on consacre tout son temps à celui-ci comme à celui-là. Encore moins quand l’un est à Basse-Terre, et l’autre à Paris, à 7000 kilomètres. Lurel est un politicien, pas un homme politique sérieux.
En somme, le côté dictatorial de Lurel, s’accommode fort bien d’un défaut que l’on pourrait penser incompatible avec l’image austère du dictateur. Lurel n’aime rien moins que la frime, le m’as-tu-vu, le semblant. Il incarne parfaitement la définition du matador. En espagnol, c’est le torero, qui lorsqu’il entre dans l’arène doit aller jusqu’à tuer son adversaire, le taureau. Et pour cela le matador ne recule devant aucune ruse. Il agite la muleta pour le tromper. Il lâche lâchement les picadors pour saigner le taureau, afin qu’il soit à bout, et cache soigneusement son épée pour l’estocade finale. Mais le matadô en créole, c’est la femme en costume créole qui parade et dont la tête, selon l’art de l’attacher, essaie d’aguicher le passant ou d’attirer l’attention du touriste photographe.
Lurel est le champion de l’affichage publicitaire d’une action politique microscopique. A part inaugurer les projets imaginés, élaborés, voire entamés par Lucette, le principal rôle de Lurel a consisté à choisir la couleur du ruban bleu blanc rouge et la taille des ciseaux pour le couper.
En revanche, Lurel est un bienfaiteur de France Antilles. Aucun président de Région de France et de Navarre n’a claqué autant d’argent inutilement en pleine pages de publicité pour ne pas parler de ce que la Région devrait faire d’essentiel et qu’elle ne fait pas.
La Région dépense plus en publicité dans France Antilles, que tous les organisateurs de concerts réunis, qu’aucun concessionnaire automobile, qu’aucun super ou hyper marché. Pas étonnant que France Antilles lui renvoie l’ascenseur, avec sa bobine à la une, le samedi, le jour de plus grosse vente. Tout cela pour dire que Lurel n’a rien à dire et qu’il prend beaucoup de place pour le dire.
Lurel ne connaît visiblement pas le contenu de la communication de service public. Il doit croire que la Région produit du coca-cola.